Alain
Sauvan
Je suis né en 1953 à Saint-Julien-en-Genevois. Je perds ma mère quelques heures après ma naissance. Mon père, chauffeur routier, se retrouve le même jour père et veuf, il me confie à sa sœur le temps de faire face. Il décèdera peu après. Je serai donc élevé à Salon de Provence par ma tante et mon parrain qui n’auront pas d’autres enfants.
Deux évènements transformeront le cours des choses chez cette famille modeste.
Un billet gagnant de la loterie nationale permettra d’acheter un frigidaire et une télévision, chose rare à la fin des années 50. Et là c’est le choc visuel pour un enfant de 10 ans.
Un cycle Eisenstein (en particulier Alexandre Nevski), l’expressionisme allemand, le procès de Jeanne d’Arc de Bresson, tout seul tard dans la nuit et sans « préparation », l’œil s’ouvre.
Le deuxième évènement c’est qu’après avoir hérité de mes grands-parents maternels d’un petit pécule, j’achète des livres, en particulier les œuvres complètes de Georges Bataille et Antonin Artaud, qui m’enseigneront la poésie du désordre et que pour créer il faut sans doute se mettre en marge du réel. J’achète aussi une maison dans le Luberon qui me permettra une certaine indépendance et que je garderai une quinzaine d’années jusqu’à mon installation à Marseille.
Je commence un DUT d’informatique à Nice que j’abandonne rapidement après ma rencontre avec une joyeuse bande d’anarcho-situationnistes ayant quitté l’Alsace pour la ville de Nice, puis effectue un long séjour dans le Sud marocain où, à Mirleft (village berbère), j’exerce le métier de pêcheur.
Les années qui suivront seront remplies de voyages (dont un assez long sur les traces des Tarahumaras chers à Antonin Artaud qui initiera sans doute la série (in)certains regards), d’une maitrise de géologie puis des débuts en photographie d’abord dans le monde du spectacle vivant puis pour la presse magazine et enfin dans le domaine de l’architecture, années aussi de rencontres (Bartabas, Laurence Durrel, Bernard Buffet, Rudy Ricciotti…)
Je réduis à partir de 2007 mes collaborations avec la presse magazine pour me consacrer à ma démarche d’auteur après la parution d’Architectures contemporaines en Provence chez Aubanel/La Martinière.
Pour quoi faire ? Surtout ne pas avoir de but pour tout voir, du plus large au plus serré sans comprendre ce que l’on fait pour comprendre ce que l’on ne comprend pas et seulement alors accepter l’idée d’un but qui devient à partir de là une quête.
Se pose alors la question du positionnement et elle s’est posée dès le début de ma vie.
Quand j’ai ouvert les yeux, le monde m’entourant m’étant complétement étranger je l’observe depuis avec peu de référents au réel en déclinant tous les sens du mot appréhender.
Voir d’abord de loin pour partir à l’aventure du plus infime détail comme pour la série Production et Dépossessions qui traite du patrimoine industriel du bassin de l’étang de Berre ou l’inverse dans la série (in)certains regards, à partir de détails recréer un univers jusqu’ici en latence en n’ayant de cesse de l’étendre. De la figure vers l’abstraction, de l’abstraction vers le figuratif. Question de point de vue et d’intrication. L’important c’est la limite, pas celle des bords qui enferme, mais celle du milieu qui permet le multiple.
Je vis et travaille au Brusc près de Toulon dans le vent près de la mer.
Principales Expositions depuis 2007
2008-Ebauche de Temps d’Etang/Galerie du Tableau/Marseille
2009-Temps d’Etang/Musée Ziem/Martigues
2010-Temps d’Etang/Arles/Voix Off
2010-Voyage au Port de la Pointe/Médiathèque de Berre l’Etang
2011-Photos du Site/Centrale EDF Aramon
2011-Portrait de Route/Nuits Photographiques de Pierrevert
2012-Euromed/Photo med/Bandol
2012-Euromed/9PH/Lyon
2013-Territoires en Production/Martigues dans le cadre de Marseille Provence 2013
2014-Territoires en Production/Villard de Lans
2014-Photos du Site/ArcelorMittal/Fos sur Mer
2015-La Photo… Pas toujours Simple/Maison du Cygne/Six Fours les Plages
2015-La Photo… Pas toujours Simple/ Nuits Photographiques de Pierrevert
2015-Zingaro/Galerie du lac gelé/Nîmes
2017-Nous sommes Foot/Mucem/Marseille
2018-(In)certains regards/Galerie du Tableau/Marseille
2019-Gueules Cassées/Villard de Lans
2020-2021-Production et Dépossessions/Musée Ziem/Martigues
2022-Production et Dépossessions/Présence(s) Photographie/Montélimar-Le Teil
2023-Gueules Cassées – Gueules d’Amour/Les jardins du Cloitre/Marseille
Citations
L’acte du regard ne tire pas ses qualités du simple fait d’oser fixer les choses. Encore faut-il les percevoir autrement qu’elles ne sont. Rien n’existe tant qu’il n’a pas été vu par un oeil qui invente et s’approprie et refait exister ce qu’il voit jusqu’à ce que par son intervention on ne puisse plus percevoir autrement.
Patrick Roegiers | L’œil ouvert. Un parcours photographique 1983 – 1998 | Nathan, paris, 1998
« Le problème ne consiste pas à remplacer un thème figuratif par une absence de thème,
qu’on nomme abstrait, non figuratif, mais bien de faire une œuvre qui porte en elle une
proposition d’aventure, mais dans le vrai sens du mot aventure, c’est-à-dire quelque chose
d’inconnu. »
Michel Tapié
"Laisser tomber un regard sur l'écorce d'un arbre c'est parfois dessiner le plus extravagant imaginaire et appeler un peu plus loin encore un regard de nouveau, une sorte de mise en abime de ses propres choix. Il est question, bien sûr, de photographie puisqu'il s'agit du travail d'Alain Sauvan ; mais comment en parler sinon comme s'il s'agissait de dessins, une sorte d'hommage de la réalité au Surréalisme, un extraordinaire combat du noir et du blanc vers une explication graphique de la beauté de la nature. L'imagination est rendue au spectateur, entraîné vers les propositions du déclencheur et de la nature. Olivier, pin, peuplier, ficus ne sont que des genres qui se déclinent sans cesse renouvelés par un rapprochement ou une mise hors d'échelle. On pourra alors ramasser le regard que l'on avait laissé tomber sur l'écorce et regarder la photo autrement. "
Bernard Plasse (pour la série (in)certains regards 2018)