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Kamel
Khélif

Pendant quelques-unes des saisons de sa jeunesse, Kamel Khélif abandonna le noir et le blanc, expérimenta pour ses toiles et ses dessins l’usage de la couleur. Ce fut une courte expérience(1) : peu de bonheurs d’expression, du renoncement et de l’insoumission. Kamel reprit ses mines de plomb, ses crayons gras, son encre de Chine, ses feutres et ses fusains. Hantés par l’obscurité, les maîtres anciens dont il avait passionnément contemplé les reproductions – Rembrandt, ou bien Le Caravage – le ramenaient immanquablement du côté du rêve et de la nuit. Des coulures, des lucioles ou bien de grands blocs de lumière, des glissements et des débordements, des sonates d’automne et des cris de mouettes, les fantômes et les spectres fréquentés par Murnau, les images et les formes qui viennent à notre rencontre chaque fois qu’un créateur traverse le pont des apparences, la gamme infiniment riche des nuances et des contrastes qui fusionnent le noir et le blanc habitent inlassablement son travail.
 

Ses livres et ses dessins confrontent plusieurs leitmotive, des instants de mémoire et d’éclaircissement, des moments de bascule et de déchiffrement.


Sur les planches originales de ses bandes dessinées, l’étoffe des songes, la suie, la cendre et la poussière, les miroirs obscurs où glissent et puis se réfléchissent de lointaines apparitions reconduisent les violences et les mélancolies d’un siècle qui vient de s’achever. Les vieux quartiers délabrés, les intérieurs de cafés, les lieux de clandestinité, le brouillard et l’anthracite qui surgissent au cœur de ses itinéraires incorporent des indices et des personnages qui évoquent irrésistiblement toutes sortes d’exils et de déplacements,


Marseille, Alger ou bien Lisbonne.


En face du grand format de l’une de ses plus belles séquences, en contrepoint d’une silhouette que Kamel apparente rêveusement avec celle de Fernando Pessoa, j’ai toujours voulu reconnaître une embarcation qui ressemblerait à une jonque ou bien à un vaporetto, brièvement adossé parmi les ombres des quais de Venise. Parmi quelques-uns des transferts du Chemin de la Madrague Ville(2), on identifie aisément la façade de l’hôtel de ville imaginée par Pierre Puget, Le Timimoun qui fait la navette des deux côtés de la Méditerranée, les terrains vagues et le viaduc des quartiers nord, le portique de l’ancien abattoir bousculé par Generik Vapeur, un fragment de La Peste à Marseille de Michel

Serres, ou bien encore les voûtements du camp du Grand Arenas.

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